A l'instar des autres triazines interdites en 2001, la terbuthylazine, massivement utilisée pour le désherbage des vignes, devrait être prochainement prohibée. Sur les 400 000 hectares désherbés avec des produits de prélevée en 2002, pas moins de 250 000 hectares l'ont été avec des produits à base de terbuthylazine ou de terbuthylazine associée au diuron.
Le coût modéré à l'hectare de ces produits et leur facilité d'application expliquent leur succès. Aussi, "s'il faut abandonner l'utilisation de cette molécule pour des raisons environnementales, le coût du désherbage va s'avérer à l'avenir plus important" avertit Jean-Marc Roland, conseiller viticole de la Chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire.
Pour limiter cet inconvénient, "on devrait s'orienter vers une combinaison de techniques" assure-t-il.
On peut ainsi envisager d'associer un désherbage sous le rang avec un enherbement de l'inter-rang. Le désherbage peut alors être effectué avec d'autres produits de prélevée actuellement sur le marché.
Des produits qui "sont souvent 2 à 3 fois plus chers que ceux à base de terbuthylazine" rappelle Eric Chantelot de l'ITV de Nîmes. "Ne désherber que le rang présente évidemment l'avantage d'être moins onéreux qu'un usage "en plein", souligne Jean-Marc Roland.
"On peut donc prévoir l'achat de produits plus chers dans la mesure où la dose à appliquer est divisée par deux ou par trois", confie-t-il. "L'investissement devrait alors se rapprocher de celui réalisé avec un produit à base de terbuthylazine pour un désherbage total."
Pour l'inter-rang, il conviendra de réaliser une tonte qui nécessite "un matériel adéquat qui peut être acheté à plusieurs en CUMA pour limiter les frais". Il faut en outre prévoir un temps de tonte approximatif d'une heure à une heure et demi par hectare.
Le désherbage thermique (au gaz ou au fuel, plus économique) peut aussi permettre de réaliser efficacement un désherbage sous le rang. Toutefois, "l'inconvénient majeur de cette technique est qu'elle nécessite un équipement relativement coûteux à l'achat comme à l'usage".
L'acquisition de l'équipement adaptable sur un tracteur revient en effet de 4 500 E à 10 000 E H.T. Il faut en outre compter sur un coût de fonctionnement d'environ 60 E à l'hectare pour le gaz et environ 15 E pour le fuel, alors que les fabricants préconisent jusqu'à 5 passages dans l'année.
Le désherbage thermique rencontre cependant un intérêt croissant, et de plus en plus de viticulteurs s'équipent avec ce matériel qui représente une alternative aux solutions chimiques ou au travail du sol. Il autorise également un désherbage réussi de l'inter-rang. Une solution pour les adeptes du désherbage intégral qui peuvent cependant revenir à des solutions moins coûteuses.
"Revenir au labour" est une autre possibilité, même si "le principal inconvénient de cette technique est qu'à défaut d'être coûteuse en argent, elle l'est en temps. Selon les types de sols et la pluviométrie, il faut compter en moyenne 4 à 6 passages par an", rappelle Jean-Marc Roland.
Et il est en outre difficile de dépasser une vitesse de passage de 2 à 3 km/h, voire moins quand il s'agit d'une décavaillonneuse.
"Le retrait de la terbuthylazine aura des conséquences puisque les matières actives disponibles actuellement sont beaucoup plus chères", résume Eric Chantelot. Les produits de prélevée sur le marché sont en effet difficilement accessibles à toutes les exploitations pour des raisons d'équilibre financier.
Il faudra donc "alterner techniques et matières actives (produits de prélevée et les produits en postlevée, comme le glyphosate) tout en raisonnant leur utilisation pour limiter les effets de résistance à certaines adventices" conclut Jean-Marc Roland.
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